Test : Batman : Arkham Shadow rend justice à la réalité virtuelle (2024)

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Batman : Arkham Shadow Genre : Action | Licence : Batman | Éditeur : Warner Bros. Interactive Entertainment | Disponible : 22 octobre 2024

Chauve-souris contre chauves pourris Testé pour Meta Quest 3

Par Cael ( @cael_presse) ,

Quand Batman : Arkham Shadow se révèle au grand public en mai 2024, le ravissement est total avant que les joueurs ne réalisent que ce nouvel épisode est exclusif au casque VR Meta Quest 3. En effet, si Mark Zuckerberg frappe un grand coup en récupérant l'une des plus grandes franchises occidentales, on ne peut pas encore dire que la réalité virtuelle ait droit de cité chez tout le monde, et la perspective d'acheter un appareil supplémentaire pour nettoyer Gotham à grands coups de claques ne séduit pas tout le monde. C'est un peu dommage, puisque le studio Camouflaj (Iron Man VR) a mis les petits plats dans les grands pour nous faire oublier Suicide Squad : Kill the Justice League.

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Batman : Arkham Shadow Action 22 octobre 2024 Franchise : Batman

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Puisque les restrictions techniques de la réalité virtuelle empêchent Camouflaj de retourner vers le monde ouvert d'Arkham City ou ses successeurs, le studio interne de Meta opte pour une histoire plus intimiste qui se rapproche de la structure d'Arkham Asylum. Après une longue introduction dans les rues de Gotham durant une émeute, Batman réalise qu'il doit mieux connaître les criminels pour résoudre le désordre civil à la source. Coup de chance, le Roi des Rats qui dirige les émeutes serait incarcéré à la prison de Blackgate ; notre justicier tombe le masque et revêt la fausse moustache de « Matches » Malone, fripouille des rues, pour infiltrer le centre pénitencier. Autant dire que l'enfer qu'il y découvre dépasse complètement ses préconceptions.

Peur sur la ville

Test : Batman : Arkham Shadow rend justice à la réalité virtuelle (3)À la façon du film The Batman en 2022, Batman : Arkham Shadow examine Bruce Wayne et ses méthodes à la lumière des émeutes modernes, montrant du doigt les établissements carcéraux et leur rôle dans la radicalisation des détenus avec la subtilité d'une grande salade de phalanges - la prison de Blackgate est actuellement gérée par la compagnie de sécurité TYGER, un ramassis de sombres brutes corrompues et d'ex-flics véreux qui se moquent ouvertement des droits humains. Ajoutez-y Harleen Quinzel et le Dr. Jonathan Crane avant leurs reconversions respectives en Harley Queen et Épouvantail pour un cocktail explosif. Batman : Arkham Shadow brille aussi bien lorsqu'il approfondit la mythologie de l'univers avec d'étranges runes dans les fondations de Blackgate que lorsqu'il propose des séquences intimistes, à l'occasion d'une thérapie de groupe ou d'un souvenir troublé de Batman. L'écriture « immédiate » - les dialogues des ennemis, par exemple - recèle également quelques pépites dans les conversations entre gardes, comme d'habitude, surtout vers la fin du jeu.

Test : Batman : Arkham Shadow rend justice à la réalité virtuelle (4)Car Batman : Arkham Shadow est un fascinant porte-drapeau pour le casque Meta Quest 3S, nouveau missile commercial à destination des petits budgets. Camouflaj reprend les mécaniques de la saga Arkham pour les transposer en réalité virtuelle, et cela fonctionne plutôt bien. Par exemple, le système de combat demande de frapper nos adversaires selon des cibles ou des indicateurs directionnels, pour simuler crochets, directs et clés de bras avec des petites séquences rythmiques simples. Toute la difficulté est d'arriver à s'orienter à 360 degrés quand Batman se retrouve encerclé par ses adversaires ; si des indicateurs de parade brillent souvent à l'écran pour nous indiquer dans quelle direction nous défendre, en levant notre bras, les ennemis spéciaux peuvent nous dérouter - encore plus que dans les jeux originels. Mais ces affrontements s'avèrent généralement grisants et très immersifs. Sans compter que vous allez dépenser quelques calories en vous battant contre des fantômes dans votre salon. Attention cependant, tendez bien le bras pour attaquer, sinon la détection de mouvements peut être un peu tâtillonne.

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Test : Batman : Arkham Shadow rend justice à la réalité virtuelle (6)Batman dispose également de plusieurs gadgets - batarangs, gel explosif, séquenceur cryptographique... - qu'il convient d'utiliser en mimant les gestes du chevalier noir. Pour saisir un batarang, par exemple, il suffit de tendre la main vers notre poitrine pour récupérer un projectile sur notre logo virtuel de chauve-souris, avant de le lancer grâce à la visée (très) assistée. En combat, gérer les gadgets s'avère beaucoup plus dur qu'auparavant, et c'est normal. Camouflaj a ajusté la difficulté en conséquence et vous ne devriez pas subir trop de défaites, ce qui vous laissera le temps d'apprendre à jongler entre tous les appareils. Batman : Arkham Shadow propose une petite gamme d'améliorations assez utiles arrangées selon quatre arbres de progression distincts. On retrouve tous les classiques, comme les coups critiques qui font monter la jauge de combo plus vite pour déclencher une attaque spéciale, ainsi que les brouilleurs d'armes à feu.

Longue vie aux rats

Test : Batman : Arkham Shadow rend justice à la réalité virtuelle (7)Batman : Arkham Shadow est une excellente introduction à la réalité virtuelle, car il mobilise les capacités du Meta Quest 3S, toujours de manière intelligente. Escalader prudemment des murs de brique en train de s'effondrer ou des entrelas de tuyaux donne un rythme tout-à-fait différent, qui nous rapproche encore du rythme plus pondéré de The Batman, avec son justicier parfois légèrement maladroit ; mais l'immersion, encore une fois, est totale, jusqu'à donner le vertige. De nombreuses interactions sont parsemées dans l'environnement. De toute façon, vous verrez vite que les mains de Batman sont fidèlement simulées jusqu'à avoir une physique précise des doigts sur l'environnement, avec une déformation réaliste lorsqu'on passe la main sur un mur, ou un coin de table. C'est inutile pour le gameplay, certes, mais bluffant. Camouflaj a fait attention à bien maintenir l'illusion jusque dans les détails.

Test : Batman : Arkham Shadow rend justice à la réalité virtuelle (8)Quant à savoir si vous balancer d'une corniche à une autre provoque un effet « gerbotron », rassurez-vous, Camouflaj maîtrise son sujet. De petites transitions masquent les mouvements brusques pour éviter de trop nous donner la nausée. De manière générale, Batman : Arkham Shadow propose une belle gamme d'options pour ajuster les paramètres de la réalité virtuelle à votre convenance, avec plusieurs ensembles préconfigurés selon votre familiarité avec la technologie. Notons aussi que le jeu s'avère plutôt beau dans sa catégorie, que ce soit au niveau des animations ou de la direction artistique. Relevons cependant de nombreuses fioritures sonores avec beaucoup de coupures inopinées, peut-être provoquées par des chargements en tâche de fond. C'est la seule ombre au tableau de cette sacro-sainte immersivité.

Prison dorée

Test : Batman : Arkham Shadow rend justice à la réalité virtuelle (9)À la différence de ses aînés, Batman : Arkham Shadow se déroule sur une semaine complète et adopte une très légère teinte metroidvania, puisque notre progression sera rythmée par l'acquisition de nouveaux gadgets qui seront utiles pour revisiter les précédentes zones et trouver tous les secrets. Avec une grosse centaine d'objets à collectionner, Batman : Arkham Shadow étend joliment sa durée de vie, et sans le moindre trophée de l'Homme-Mystère à l'horizon. Vous devrez plutôt dégoter des cartes mémoire, des statues de rat ou des radios clandestines à fracasser, parfois avec des petites énigmes à résoudre. Cela reste parfaitement optionnel. Camouflaj rythme assez bien notre progression en découpant la prison de Blackgate en plusieurs zones uniques, marquées par différentes ambiances colorées, du verdâtre maladif de l'aile d'Arkham au rouge brûlé du couloir de la mort. S'il est évident que l'on bouffe des environnements métalliques et bétonnés à répétition vu le cadre narratif, la pilule passe assez bien. Des flashbacks entrecoupent les scènes importantes pour approfondir la psyché de Batman.

Si la bagarre fait monter l'adrénaline, les phases « prédateur » où Batman doit éliminer des gardes sans être repéré sont moins intéressantes que dans les épisodes flatscreen. C'est partiellement dû au format de Batman : Arkham Shadow, mais aussi à l'intelligence artificielle des gardes, qui ont tendance à rester collés ensemble... ou faire des fixettes sur leurs camarades tombés au combat. Résultat, manipuler les sbires pour aligner le parcours parfait est relativement pénible, et l'on préfère parfois rentrer dans le tas quitte à encaisser quelques balles pour accélérer le processus. Mais les phases d'infiltration restent infiniment plus intéressantes que les séquences d'enquête, qui nous demandent exclusivement de scanner des objets surlignés avant d'émettre une déduction d'une simplicité élémentaire. Décidément, c'est pas demain qu'on pensera être Sherlock Holmes dans l'armure du chevalier noir.

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Batman : Arkham Shadow s'achève sur un retournement de situation légèrement tiré par les cheveux, mais qui arrive malgré tout à bien relier ensemble toutes les thématiques principales de l'histoire. Ici, Bruce Wayne doit confronter sa part d'ombre après Arkham Origins et devenir un héros plutôt qu'un justicier aveugle. Encore un arc narratif qui ressemble accidentellement à The Batman, me direz-vous ; sans doute que cette inquiétude est dans l'air du temps. Chaque antagoniste vient étayer cette question de la « part d'ombre », qu'elle soit psychologique ou finalement politique, et montre comment des gens bien peuvent sombrer dans le mal absolu par la cruauté des circonstances. S'il faut saluer le travail narratif de Camouflaj, c'est peut-être sur la cohérence a posteriori avec les autres jeux de la franchise, car intercaler un nouveau titre dans cette chronologie déjà serrée n'était pas gagné d'avance. Le studio s'en tire avec les honneurs moyennant quelques astucieux raccourcis. On pardonne.

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Author: Lilliana Bartoletti

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